Une stratégie agricole collective au service du développement économique régional

L'agriculture et l'agroalimentaire bretons ne seraient pas aussi importants aujourd'hui sans l'initiative de Bretons, qui, au sortir de la seconde guerre mondiale, ont décidé d'unir leurs forces pour relancer l'économie régionale. Ces deux secteurs ont su s'adapter aux différents contextes et innovent aujourd'hui encore pour répondre à la demande nationale et mondiale.

Avant la 1ère guerre mondiale : une agriculture tournée vers la polyculture-élevage

La Bretagne a toujours été une terre d’élevage grâce à ses sols et son climat favorables à la production fourragère et aux exploitations d’élevage.

Historiquement, l’agriculture bretonne se traduisait par des  petites fermes en polyculture-élevage, qui produisaient à la fois des céréales et des animaux pour permettre aux agriculteurs de vivre en autarcie. Le travail du sol était réalisé par des chevaux (contrairement à d’autres régions où l’on utilisait des bœufs) car l’ajonc que l’on utilisait pour les nourrir était abondant dans la région.

L’entre deux guerres : l’union fait la force

La première guerre mondiale laisse une Bretagne amoindrie de ses forces vives.

Il faut alors reconstruire et repenser les exploitations agricoles. Les éleveurs bretons se regroupent afin de travailler conjointement au développement de l’élevage. C’est ainsi que la première fédération des syndicats d’élevage est fondée en 1923 pour fédérer les syndicats de races, et la première coopérative d’élevage voit le jour en 1949. Les éleveurs ont ainsi conservé l’habitude de se réunir et d’entreprendre des actions communes afin de fédérer leurs filières en Bretagne, créant une réelle force d’action.

Les actions mises en place à cette période sont les suivantes :
acquisition d’animaux de hautes valeurs pour optimiser la production,
amélioration de la génétique via des croisements des races locales bretonnes,
édition de bulletins techniques,
mise en place d’un contrôle laitier,
organisation des premiers concours.

De 1949 aux années 80 : développement de l’élevage et spécialisation

Après la seconde guerre mondiale, la révolution agricole et la mise en place du plan Marshall ont contribué à la modernisation de l’agriculture et ainsi à son intensification. Les fermes bretonnes s’agrandissent et se spécialisent, faisant de la Bretagne la première région agricole de France.

Production laitière

Historiquement, la production laitière est très présente en Bretagne. L’industrie laitière se développe fortement grâce aux aides de la PAC dès 1962. La filière lait devient alors la plus importante du territoire et exporte de nombreux produits. La poudre de lait produite en grande quantité permet de nourrir les veaux. La filière veaux de boucherie se met en place.

Afin de réguler la production devenue trop importante, les quotas laitiers sont instaurés en 1983.

Production de viande bovine

L’élevage allaitant commence à se développer dans les années 70 avec l’arrivée de races à viande plus productives que les races bretonnes mixtes : la limousine, la charolaise puis la blonde d’aquitaine.

Les actions mises en place à cette période sont les suivantes :
développement du contrôle laitier, de l’insémination artificielle et des techniques de production fourragère,
renforcement de la sélection génétique pour obtenir de meilleurs animaux et valoriser les reproducteurs,
appel à des races étrangères ou à de nouveaux croisements.
mettre en place un contrôle laitier,
organiser les premiers concours.

1984 : la diversification prend le pas sur la spécialisation

La mise en place des quotas laitiers en 1984 fige les volumes de production et empêche tout développement des exploitations laitières. Ces dernières diversifient alors leurs activités et développent des ateliers de bovins allaitants, de veaux de boucherie, de jeunes bovins ou de taurillons.

Les ateliers de viande bovine se développe alors fortement, tout comme les outils d’abattage.

L’après quotas : agrandissement et fusion au service de la productivité

En 2015, la suppression des quotas laitiers entraîne l’agrandissement des exploitations laitières avec une augmentation de la production de lait. Les exploitations cherchent alors à se spécialiser de nouveau. Le cheptel laitier augmente alors que le cheptel allaitant diminue.

Les structures d’exploitations évoluent également vers des structures collectives comme les GAEC.

Ces deux phénomènes expliquent l’augmentation de la production laitière et donc des volumes collectés en Bretagne.

Focus sur le développement de l’agroalimentaire

L’efficacité productive de l’agriculture acquise dans les campagnes bretonnes dans les années 60 instaure des dynamiques agroalimentaires à la fois endogènes et exogènes (implantations massives de capitaux extérieurs dans l’alimentation animale et le secteur laitier).

S’ensuit à partir des années 1970 une croissance de l’économie agroalimentaire qui n’aurait pu voir le jour sans les outils de modernisation de l’agriculture, les lois agricoles et la mise en place du marché commun agricole. Les industries agroalimentaires bretonnes occupent déjà une place essentielle dans l’économie bretonne dans les années 90 avec 67 000 salariés (6% de l’emploi régional et 14,5% de l’emploi agroalimentaire national).

Les Industries Agro-Alimentaires ont connu un essor considérable, entraînant même parfois la croissance agricole. Certaines industries se sont profondément transformées en se modernisant, mais le secteur agroalimentaire reste un créateur d’emploi grâce à l’expansion et à la valorisation des productions animales (alimentation animale, abattoirs, ateliers de découpe, charcuterie-salaisons).

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