L’élevage bovin en Bretagne est diversifié et dominé par le troupeau laitier

L’élevage est omniprésent en Bretagne. Trois quart des exploitations possèdent des bovins. Si l’élevage laitier domine, l'élevage allaitant est également bien présent.

Les exploitations détentrices de bovins en Bretagne

Environ trois quarts des exploitations bretonnes détiennent des bovins (19 000 exploitations), dont :
4031 sont à dominante viande (soit 1 exploitation sur 5)
11 582 sont à dominante laitière (soit 2 exploitations sur 5)

La majorité du troupeau allaitant se trouve dans des exploitations à dominante viande (86,72%), de même pour le troupeau laitier (94,94%).
Sur les fermes à dominante laitière, on retrouve généralement un petit troupeau allaitant de 25 vaches avec un troupeau laitier de 60 vaches.

L’élevage laitier, fortement implanté en Bretagne sera dans un premier temps abordé, puis l’élevage allaitant sera détaillé.

L’élevage laitier, prédominant en Bretagne

775 000 vaches laitières, soit 21% du cheptel national
11 582 exploitations à dominante laitière
67 vaches en moyenne/troupeau

L’élevage bovin lait est la production animale prédominante en Bretagne. Elle est présente sur tout le territoire régional. Néanmoins, l’élevage laitier se développe à l’est de la région alors qu’il stagne dans l’ouest.

Cette filière alimente à plus de 50% le marché de la viande bovine bretonne (46% de vaches laitières et 16% de mâles laitiers).

La race Prim’Holstein dominante du troupeau laitier breton

Plus des trois quarts des vaches laitières bretonnes sont de race Prim’Holstein.

L’alimentation du troupeau laitier breton

Les élevages laitiers bretons sont caractérisés par l’utilisation d’une race productive telle que la Prim Holstein alimentée en saison hivernale principalement avec du maïs et pâturant le reste de l’année. Ce système est rendu possible grâce aux conditions pédoclimatiques régionales et aux productions présentes sur le territoire. Par ailleurs, c’est un modèle qui permet de maîtriser le coût alimentaire.

Ainsi les élevages bretons consomment moins de concentrés que les élevages des régions voisines. 

Aujourd’hui, d’autres systèmes se développent, tels que des systèmes très autonomes valorisant au maximum les fourrages et l’herbe, comme les systèmes bio et les systèmes très herbagers. Ils représentent un réel enjeu environnemental notamment en ce qui concerne la problématique de la pollution des nitrates en Bretagne et sont ainsi encouragés à se développer.

Des élevages cherchent également à optimiser leurs coûts et à diluer leurs charges de structure par des volumes. Ces élevages se tournent vers des systèmes robotisés avec des régimes de fourrage conservés (ensilage d’herbe et maïs).

Un lait aux qualités reconnues

Le lait breton se démarque par sa très bonne qualité sanitaire et ses coûts de productions maîtrisés

Les conversions d’élevages en agriculture biologique se développent fortement, ce qui représente près de 23% du cheptel laitier national conduit en bio. Des démarches de qualités s’initient également au niveau des entreprises laitières (ex : lait pâturage).

L’élevage allaitant fortement présent dans l’Ouest de la France

109 000 vaches allaitantes, soit 2,7% des effectifs nationaux
5 028 détenteurs de vaches allaitantes en 2018 (-10 points entre 2017 et 2018)
en moyenne 22 vaches/troupeau (en augmentation)

L’élevage allaitant se concentre à l’ouest de la Bretagne, dans des zones non valorisables par d’autres productions agricoles, avec une présence d’herbe importante.

En élevage allaitant, trois types d’ateliers sont présents :

  • les naisseurs qui font naître des broutards (1340 exploitations)
  • les naisseurs-engraisseurs qui engraissent tous les animaux nés dans l’atelier (1022 exploitations)
  • les engraisseurs spécialisés qui  engraissent les broutards provenant d’élevages naisseurs (1113 exploitations)

La majorité du troupeau allaitant est détenu par des exploitations à dominante viande, qui sont naisseurs spécialisés ou naisseurs engraisseurs.

L’élevage allaitant breton composé de races pures

Historiquement, les races mixtes bretonnes et les croisés étaient les races dominantes dans les élevages allaitants. Aujourd’hui, une diversité de races pures compose les élevages allaitants. Les races Limousine, Charolaise et Blonde d’Aquitaine sont les races les plus présentes en Bretagne.

Des systèmes pâturants permettant de minimiser les coûts

Les systèmes allaitants bretons reposent sur des systèmes herbagers, très extensifs avec une petite part de maïs très modeste dans la ration. 

Hormis l’hiver où les vaches consomment une ration composée en moyenne de ⅔ d’ensilage d’herbe et d’⅓ de maïs, elles passent le reste de l’année au pâturage, ce qui donne des coûts de production plutôt bien situés par rapport aux autres régions de France.

« La Bretagne a des atouts pédoclimatiques pour l’élevage herbivore, ce qui fait qu’elle a des coûts de production plutôt bien situés. »

A. HAYE – Chambre d’agriculture de Bretagne

L’élevage allaitant valorisé en Bretagne par des démarches qualitatives

La Bretagne a su se démarquer avec une valorisation de ses produits via des démarches qualitatives comme les labels, la vente en directe et les marchés de proximité.

Le Label est le premier marché qualitatif sur la viande bovine, et la Bretagne est la première région productrice en label viande bovine. Environ 6 600 bovins ont été produits sous label en 2018. Les principaux labels sont le label limousin, le label blonde d’aquitaine et le label charolais.

Dans le cadre des plans de filière, la filière bovine française souhaite opérer une montée en gamme et s’est fixé comme objectif que le Label Rouge représente au moins 40% de l’offre piécée en 2022 (représente 3% de l’offre actuellement).

Les jeunes bovins, majoritairement exportés

Un jeune bovin est un mâle non castré, qui a moins de 24 mois.

Les éleveurs de jeunes bovins peuvent être de profils différents :

  • les naisseurs-engraisseurs : font naître et élèvent les veaux jusqu’à 24 mois,
  • les engraisseurs : achètent des veaux de 8 mois qui sont engraissés durant un an,
  • les éleveurs laitiers qui élèvent les veaux issus du troupeau laitier jusqu’à atteindre 24 mois (système de moins en moins présent)

Les jeunes bovins laitiers étant peu consommés en France, ils sont dans la plupart des cas exportés en vif. L’Espagne a développé un système d’intégration de ce type de production, ce qui en fait un concurrent non négligeable pour les pays européens.

Néanmoins, la recherche de produits de proximité, de prix accessible et de portions de petites tailles sont deux aspects positifs pour la filière française, qui répond à ces attentes, de la Restauration Hors Domicile notamment.

Aussi, Interbev Bretagne a lancé entre 2015 et 2018 des essais à la station expérimentale de Mauron afin de déterminer de quelle manière y répondre. Des croisements entre race laitière et race allaitante ont été effectués. Les résultats sont encourageants. Les carcasses sont homogènes et les viandes tendres. La phase de lancement en élevage est actuellement en cours, via notamment des systèmes de contractualisation.

La Bretagne, première région française de production de veaux de boucherie

● 479 élevages (21% des élevages nationaux)
● 234 000 veaux produits (18% des animaux français)
● 3 900 veaux produits en Label Rouge en Bretagne en 2018

« La filière veaux de boucherie s’est développée à partir des années 80 lors de la mise en place des quotas, quand les exploitations ont cherché des activités complémentaires. »

A.PAROIS – Chambre d’agriculture de Bretagne

C’est une filière importante pour les filières lait et viande car elle valorise les veaux laitiers, une partie de la poudre de lait ou du lactosérum. Elle est aussi complémentaire de la filière viande bovine, car elle évite l’engraissement de bovins en taurillon et ainsi d’engorger la filière. 

La production de veaux de boucherie bretonne est localisée majoritairement en Ille-et-Vilaine (46%) et dans les Côtes d’Armor (30%).

Les veaux étant majoritairement des mâles issus des exploitations laitières, ils sont principalement de races laitières, avec une prédominance de la race Prim’Holstein, fortement implantée en Bretagne. La pratique de croisements chez les éleveurs laitiers traduit l’importante part de veaux croisés dans les ateliers bretons.

Aujourd’hui, les systèmes tendent à se spécialiser en veau (les exploitations spécialisées représentent 37 % des exploitations bretonnes). 

La grande majorité des ateliers de veaux de boucherie (99%) sont constitués d’animaux achetés à d’autres exploitations à l’âge de 14 jours. Très peu d’élevages sont composés de veaux nés sous la mère. Une grande partie de la production (95%) est réalisée en système d’intégration.

L’intégration, système le plus répandu

L’intégrateur est propriétaire des veaux, fournit l’aliment, les produits vétérinaires et peut assurer un suivi technique. L’éleveur est propriétaire des bâtiments agricoles, assure l’activité d’élevage et prend en charge les dépenses d’eau, d’énergie etc. C’est le modèle le plus présent en Bretagne.

L’intégration est portée :

  • soit par les abatteurs (SVA Jean Rozé, Kermené, VanDrie France, Bretagne Viandes Distribution, Ets Chapin), qui s’approvisionnent via leurs éleveurs intégrés, auprès d’autres intégrateurs ou auprès d’éleveurs ou associations d’éleveurs ;
  • soit par des fabricants d’aliments non détenteurs en propre d’un outil d’abattage (VTB Serval, Ouest Elevage, Denkavit).

Parmi les abatteurs, Bigard est l’exception à ne pas disposer d’une filière intégrée.

Dans le cas des groupes de distribution (SVA Jean Rozé et Kermené), l’intégration est très poussée puisque l’ensemble de la filière est concernée, de l’alimentation animale à la distribution, mais les éleveurs restent propriétaires de leur entreprise agricole.

Une alimentation qui allie solide et liquide

Historiquement, les veaux de boucherie consommaient de la poudre de lait exclusivement.

A la fin des années 90, avec la mise en place de la directive bien-être, la distribution d’aliment fibreux (mélange de céréales et de protéagineux, avec éventuellement de la paille) a été rendue obligatoire afin que le veau développe son comportement naturel et rumine

Par ailleurs, en 2007, le prix de la poudre de lait a énormément augmenté. Les entreprises ont fait évoluer la proportion entre poudre de lait et aliment fibreux. L’aliment fibreux a pris de plus en plus de place dans les rations, en quantité plus élevée que le minimum réglementaire, tant en permettant le maintien de performances zootechniques. Les conduites alimentaires de l’élevage de veaux ont ainsi évolué.

Une filière au fort potentiel

La Bretagne présente un fort potentiel de veaux à engraisser grâce aux veaux laitiers mâles et veaux croisés nés dans les filières lait et viande bovine. Les veaux mâles laitiers représentent 33% des naissances de veaux bretons en 2018. Le reste est valorisé en jeunes bovins, vendu à l’export (principalement vers l’Espagne), ou engraissé dans d’autres régions.

Néanmoins, la Bretagne va devoir faire face dans les années à venir à un enjeu de taille pour cette filière. Les jeunes éleveurs méconnaissent ce type d’élevage. Les exploitations laitières se spécialisent alors qu’auparavant les deux ateliers étaient complémentaires.

Le veau Bretanin est un veau fermier élevé au lait entier, sur paille et en case collective. Il est élevé dans le respect des traditions bretonnes et répond au cahier des charges Label Rouge qui garantit une qualité supérieure depuis 30 ans.  Bretanin est une filière de proximité, tous les éleveurs sont regroupés dans le grand Ouest de la France.

Print Friendly, PDF & Email